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et au développement durable
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Histoire des déchets parisiens : de Lutèce à la révolution industrielle

Depuis presque 140 ans la poubelle accompagne les Parisiens. D'où vient-elle ? Qui a inventé la poubelle ?... Qui est à l'origine de cet objet ?...
Le saviez-vous ? Il n'y a pas un, mais deux arrêtés "Poubelle" (24 novembre 1883 et 7 mars 1884). Venez faire connaissance avec Eugène Poubelle, la personne qui a inventé la poubelle et découvrir les deux textes.
Vous trouverez également, sur cette page, des informations sur l'évolution du "local poubelles", du passage de la poubelle au bac et du vide-ordures.
Na manquez pas notre frise chronologique sur la page Paris trie ses déchets...

Petite histoire des déchets parisiens...

Portrait d'Eugène Poubelle, Préfet de Paris, l'inventeur de la poubelle.
Le Préfet Eugène Poubelle "inventeur" du tri sélectif !
© Eco-Emballages

Plaque de rue Eugène Poubelle, Préfet de la Seine, dans le XVIe arrondissement de Paris
C'est un tout petit bout de rue, dans le XVIe, qui honore le Préfet Poubelle... Ne mérite-t-il pas plus ?

Extraits de "L'écologuide de Paris, 2002" publié chez Robert Jauze (4e trimestre 2001). Planète écho a rédigé le chapitre sur les déchets et a participé aux autres chapitres.
Le texte de 2001 est régulièrement augmenté et complété.

Pendant longtemps, les Parisiens ont jeté leurs déchets sur la voie publique ou dans les fossés. C'est grâce à ces déchets, qui se sont fossilisés, que l'on peut reconstituer les modes de consommation des Parisiens depuis deux mille ans. Merci les déchets, témoins du passé !

Prenons quelques instants pour tourner les pages de l'histoire de Paris, la fameuse «Ville Lumière». Ce retour en arrière nous montre que la Capitale n'a pas toujours été aussi belle qu'on veut bien nous le faire croire.

En voici quelques exemples :
• En 1184, Philippe Auguste souhaite lutter contre la marée montante des ordures dans Paris en commandant le pavage des rues de la cité. Quatre cents ans plus tard, seulement la moitié des rues est pavée.
• En 1348, une ordonnance du prévôt de Paris prononce pour la première fois des amendes contre le défaut de nettoiement.
Louis XII décide, en 1506, que la royauté se chargera du ramassage des ordures et de leur évacuation. À la taxe prévue pour ce service s'ajoute celle destinée à financer l'éclairage axial des rues. La taxe prend le nom de «taxe des boues et des lanternes». L'hostilité générale enterra cette ordonnance pour longtemps.
• En 1750, Rousseau quitte la Capitale en la saluant par un «Adieu, ville de boue !». Il est vrai que Paris était connu depuis longtemps sous ce vocable puisque Lutèce [viendrait] du latin lutum qui signifie boue.
• Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Louis Sébastien Mercier, véritable reporter parisien de l'époque, signe de belles formules dans son Tableau de Paris, exemples : «O, superbe ville ! Que d'horreurs dégoûtantes sont cachées dans tes murailles !» Ou encore, «En général le Parisien vit dans la crasse».
Début de la collecte des ordures ménagères en 1884
Début de la collecte des ordures ménagères en 1884. Le tombereau, l'ancêtre du camion poubelle

Modèle de tombereau utilisé pour le ramassage des ordures ménagères des Parisiens, dès 1884.
Modèle de tombereau utilisé pour le ramassage des ordures ménagères des Parisiens, dès 1884.

Motorisation de la collecte : 2 époques. Photos © Jean-François Ségard
Motorisation de la collecte : deux époques.
Photo © Jean-François Ségard

Motorisation de la collecte : 2 époques. Photos © Jean-François Ségard
Nouvelle benne de collecte, édition 2004.
Photo © Jean-François Ségard
• En 1799, une ordonnance de police impose aux propriétaires et locataires parisiens de balayer chaque jour devant leur logis.
• En mars 1883 est créée une taxe spécifique «balayage». Au même moment, les découvertes de Pasteur se révèlent décisives dans l'histoire de l'hygiène. C'est aussi la période des grands travaux, entrepris par Haussmann, qui transforment le paysage urbain parisien.

Le 24 novembre 1883, Eugène Poubelle, préfet de la Seine, signe le fameux arrêté qui oblige les propriétaires parisiens à fournir à chacun de leurs locataires un récipient muni d'un couvercle. Ainsi naissent les poubelles (voir plus bas l'histoire de l'arrêté Poubelle). Parallèlement commence le ramassage de la boîte à ordures qui prendra rapidement le nom de poubelle !

Le préfet Poubelle avait tout prévu : dimension et contenance des boîtes. Il avait même imaginé la collecte sélective. Trois boîtes étaient obligatoires : une pour les matières putrescibles, une pour les papiers et les chiffons, et une dernière pour le verre, la faïence ou les coquilles d'huîtres ! Ce nouveau règlement ne fut que partiellement respecté. Concernant le tri, plus d'un siècle après, on le redécouvre...

Il aura fallu attendre près d'un siècle entre l'invention de la poubelle et la mise en place d'une véritable collecte et de lieux de stockage des déchets. En 1975, la loi confie aux collectivités locales la responsabilité d'organiser la collecte des déchets ainsi que leur traitement ou leur stockage dans un lieu agréé.

Devant le développement des décharges et les problèmes de pollution (des sols surtout), la loi est modifiée en juillet 1992 : les collectivités locales doivent s'organiser pour supprimer les dépôts sauvages et valoriser les déchets par le recyclage, le compostage ou l'incinération propre (ce qui reste à démontrer !).
Au même moment, dans de nombreuses communes françaises, la société Eco-Emballages (agréée par les pouvoirs publics) lance un programme de récupération et de valorisation des déchets d'emballages ménagers. Les déchets deviennent source de matière première et d'énergie, ils sont valorisés. À Paris, il faudra attendre novembre 1997 pour qu'une expérience de collecte sélective en porte à porte soit proposée dans un secteur du XIIIe arrondissement (la collecte du verre date de 1984, celle du papier-carton, la fameuse poubelle bleue, est lancée à titre expérimentale dans une petite partie du XVe arrondissement en 1989 puis étendue à tous les arrondissement en... 1993 !).
La généralisation de la collecte sélective débute en juin 2000 dans 5 arrondissements. La nouvelle équipe municipale conduite par Bertrand Delanoë poursuit l'extension de la collecte sélective mais modifie considérablement le système (suppression de la poubelle bleue ; les papiers-cartons seront jetés dans le bac jaune avec les emballages). Depuis fin 2002, la collecte sélective est installée dans tous les arrondissements (consulter notre page sur la collecte sélective à Paris). Afin d'augmenter encore plus la quantité de déchets recyclés, et afin de permettre aux Parisiens de trier encore plus, une seconde collecte sélective est généralisée début 2006 (cette seconde collecte du bac jaune remplace une collecte du bac vert).

Hier, les chiffonniers «faisaient» nos poubelles ; aujourd'hui, c'est une véritable industrie, créatrice d'emplois, qui s'en occupe.


Bibliographie et sources :
• Catherine de Silguy, Histoire des hommes et de leurs ordures (Le Cherche Midi, 1996). Une nouvelle édition est sortie en mars 2009 (ISBN : 978-2-7491-1215-2), toujours chez le même éditeur. [voir lien commercial ci-dessous].
• Katia Weidenfeld, La police de la petite voirie à Paris à la fin du Moyen Age (L.G.D.J. Histoire du droit, 1996). [voir lien commercial ci-dessous].
• Mairie de Paris, Direction de la Propreté : dossiers de presse, et site internet www.paris.fr


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Et avant l'invention du préfet Eugène Poubelle, que faisait-on des déchets ?

Photo les cheminées de l'usine d'Ivry-sur-Seine
Les cheminées de l'usine Paris XIII - Ivry-sur-Seine, aux portes de la capitale (la porte d'entrée se trouve sur le territoire parisien), marquent le paysage. Le site traite les déchets parisiens depuis plus d'un siècle. Photo : © Jean-François Ségard.
L'organisation d'une collecte est une "révolution" pour les Parisiens. Pour le croire, il suffit de lire les débats du Conseil Municipal des années 1883 et 1884, au moment où le Préfet Eugène Poubelle présente et signe les fameux arrêtés (consultez le numéro 9 de L'Hermine dédié à cette histoire). La presse n'est pas en reste. Tous les quotidiens, à partir du 15 janvier 1884, date d'entrée en application du premier arrêté, en parlent. Certains font même leur "Une" avec l'affaire des chiffonniers. C'est au milieu de ces articles que la boîte métallique deviendra la fameuse poubelle (consultez le numéro 15 de L'Hermine). Pourtant, le journaliste, qui, pour la première fois qualifie la boîte de "Poubelle" (article publié dans le Figaro du 16 janvier 1884, voir L'Hermine n°15) ne lui prédit aucun avenir !...

Comme on l'a vu plus haut, les autorités ont, de tous temps, cherché à "organiser" la propreté et à lutter contre l'insalubrité. La volonté était de chasser les immondices loin du centre urbain. Les déchets étaient donc repoussés aux limites de la ville, dans ce qui se nomme les voiries (sordium receptacula). Ces voiries recevaient aussi bien les déchets des rues appelées gadoues (balayage, détritus des halles et autres déblais), mais également le produit des vidanges.

L'apport des vieux plans de Paris :

Extrait du plan de Paris de Vaugondy
Extraits du plan de Paris de Vaugondy (1760) sur lesquels on aperçoit une des voiries parisiennes (en plein Xe arrondissement actuel). La rue de Paradis existe toujours. Le Grand égout a été, depuis, canalisé et se trouve sous la rue des Petites Ecuries. Entre la rue et l'égout : des champs des maraîchers.
Source : www.gallica.fr

Zoom extrait du plan de Paris de Vaugondy sur lequel on voit une voirie

Le même secteur au milieu du XIXe siècle :

Cadastre rue du Paris milieu du XIXe siècle
Le Grand égout se trouve sous la rue des Petites Ecuries (10e arrondissement), la voirie a laissé sa place à la Cour des Petites Ecuries. Source : Maire de Paris, plan parcellaire de la rive droite de Paris (1830-1850)
Les produits restaient là, fermentaient spontanément, se transformant ainsi en engrais, plus ou moins riche, que les agriculteurs de l'époque utilisaient dans les champs alentours. Les maraîchers revenaient ensuite vendre aux Parisiens leurs légumes et leurs fruits fertilisés grâce à leurs déchets ! (voir le texte d'Emile Zola).

A chaque extension de la ville, les voiries étaient repoussées. Les cahiers des charges imposaient, en effet, aux entrepreneurs chargés de la collecte, de les déposer à 100 mètres des routes et à 200 mètres des habitations. Mais, est-il nécessaire de préciser que ces exigences n'ont jamais été vraiment respectées !...

Il reste dans le paysage parisien de nombreuses traces de ces buttes de décharges. Certaines sont connues : le labyrinthe du Jardin des Plantes, par exemple, ou encore la butte Bonne-Nouvelle. Un parallèle peut être fait avec la situation actuelle : les décharges, une fois remplies, sont végétalisées et parfois transformées en espaces verts ouverts au public.

La séparation entre déchets solides et déchets liquides est récente. Elle date des grands travaux du milieu du XIXe siècle. L'ingénieur Belgrand, sous l'impulsion du Préfet Haussmann, met en place le réseau d'égouts qui permet d'évacuer, hors de Paris, toutes les eaux vannes. Initialement, ces égouts se déversaient dans la Seine à la hauteur d'Asnières. Par la suite, le réseau a été prolongé jusqu'à la station d'épuration d'Achères. Les eaux y sont nettoyées avant d'être rejetées dans la Seine. Pendant longtemps, les eaux vannes servaient d'engrais aux agriculteurs locaux, dans de vastes champs d'épandages (Plaine de Gennevilliers pour commencer, puis aux alentours d'Achères). Aujourd'hui, la reconversion de ces terrains pose problème. Les analyses démontrent que des centaines d'hectares sont pollués.

Pour les déchets solides, il faut attendre la fin du XIXe siècle pour voir vraiment s'organiser la collecte et l'élimination. Les usines d'incinération actuelles se trouvent là ou ont été installées les premières unités de traitement (l'usine d'Issy-les-Moulineaux s'est récemment rapprochée de Paris). Au départ, les déchets solides étaient "triturés" pour être transformés en engrais. Mais face à l'augmentation des volumes, et face à l'évolution de la qualité, la ville de Paris se lance dans l'incinération. En effet, avec l'industrialisation, le contenu des déchets se transforme. Les agriculteurs ne veulent plus de cet engrais qui a perdu en qualité.

C'est aussi à cette époque que les thèses hygiénistes (après les travaux de Pasteur) prennent de plus en plus d'importance. Les microbes doivent être détruits. Cet argument va mettre de côté, pour de très longues décennies, le "triage" des déchets, comme le faisaient les chiffonniers.

D'autres éléments viennent argumenter en faveur de l'incinération des déchets : le coût du transport et le souhait des communes traversées par les tombereaux ou les trains remplis d'immondices de ne plus être souillées par les déchets parisiens ! Il ne faut pas oublier, non plus, que les défenseurs de l'incinération annoncent pouvoir utiliser la chaleur de l'incinération pour faire tourner des machines et pour assurer l'éclairage des villes.

La ville de Paris brûle ses déchets à Saint-Ouen (hors de ses murs !) depuis fin août 1907, il y a tout juste un siècle ! Un anniversaire dont on se passerait bien ! Voici ce que l'on peut lire dans la Revue scientifique dans son numéro du 14 septembre 1907 : "En résumé, ce système mixte, broyage et combustion, inauguré ces jours derniers à Paris, réalise un progrès. Il concilie à la fois les besoins agricoles et l'hygiène, en assurant des bénéfices à la Société qui l'exploite".

D'autres usines servent à l'incinération des déchets parisiens : Issy-les-Moulineaux, Vitry-sur-Seine puis Ivry-sur-Seine.

D'autres informations sur notre page : et avant la poubelle ?



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Les arrêtés de Monsieur Eugène Poubelle, Préfet de la Seine

Bulletin municipal officiel de la ville de Paris du 24 novembre 1883 avec l'arrêté du Préfet Eugène Poubelle organisant la collecte des déchets dans Paris.
Bulletin municipal officiel de la ville de Paris du 24 novembre 1883 avec l'arrêté du Préfet Eugène Poubelle organisant la collecte des déchets dans Paris.

La poubelle a 120 ans ! Numéro spécial de journal de Planète écho.
La poubelle a 120 ans ! Numéro spécial de journal de Planète écho.
7 Mars 1884, Eugène Poubelle, Préfet de la Seine signe pour la deuxième fois en quelques semaines, et après intervention des élus parisiens, un arrêté ayant pour titre "Enlèvement des ordures ménagères, Règlement".

Ces arrêtés (le premier date du 24 novembre 1883) posent les bases de la collecte des ordures ménagères et définissent les caractéristiques du récipient qui sera mis à la disposition des locataires des immeubles et qui deviendra la fameuse "poubelle" !

Avant de fêter les 130 ans de l'arrêté du 7 mars 1884, arrêtons nous quelques instants sur la séance du Conseil municipal parisien du 22 février 1884. En effet, c'est au cours de cette séance que va être votée la délibération qui sera reprise, presque en totalité, par le Préfet Poubelle. Cette délibération fait suite à plusieurs semaines de "bataille" entre les élus et le Préfet de la Seine, véritable organe exécutif.

(Consultez le numéro 9 de L'Hermine dédié à cette histoire. Voir également la page des anciens numéros de L'Hermine).

Nous vous présentons, ci-dessous, l'intégralité du texte publié dans le BMO du 4 mars 1884 présentant la délibération votée le 22 février par les élus.

Le Conseil,
Vu l'arrêté préfectoral en date du 24 novembre 1883, relatif à l'enlèvement des ordures ménagères ; Vu les propositions déposées sur cette question par divers membres du Conseil ; Vu le rapport de ses 3e et 6e Commissions ; Délibère : M. le Préfet de la Seine est invité à modifier comme suit l'arrêté préfectoral du 24 novembre 1883 ;

Art. 2, § 2. Au lieu de :
Le dépôt de ces récipients devra être effectué avant le passage du tombereau d'enlèvement des ordures ménagères, enlèvement qui doit commencer, etc.
Mettre :
Le dépôt de ces récipients devra être effectué une heure au moins avant l'heure réglementaire de l'enlèvement qui doit commencer, etc.

Art. 3, § 1er Au lieu de :
Chaque récipient aura une capacité de 80 litres au minimum et de 120 litres au maximum.
Mettre :
Chaque récipient aura une capacité de 120 litres au maximum.
À cet article, ajouter un § 3 ainsi conçu :
Ces récipients seront tenus à la disposition des locataires et par les soins des propriétaires, depuis 9 heures du soir jusqu'à l'heure où ils doivent être déposés sur la voie publique.

Art. 4. Sous réserve des exceptions prévues ci-après aux art. 5 et 6, il est interdit aux habitants de verser leurs résidus de ménage ailleurs que dans les récipients communs à l'immeuble. Ils ne devront effectuer ce versement que le matin, avant le passage du tombereau d'enlèvement. Si le récipient commun vient à faire défaut, ils devront, soit laisser leurs récipients particuliers à la place ou auprès du récipient commun, soit attendre le passage du tombereau pour y verser directement le contenu de ces récipients particuliers. Supprimer la phrase en italique : ils ne devront effectuer ce versement que le matin, avant le passage du tombereau d'enlèvement. (Le reste est maintenu).

Art. 6. Il est également interdit de verser dans les récipients communs les objets suivants dont l'Administration assure l'enlèvement, mais qui doivent être déposés dans des récipients spéciaux à côté des récipients communs, savoir : 1° Les débris de vaisselle, verre, poterie, etc., provenant des ménages. 2° Les coquilles d'huîtres. Supprimer le § 2

Art. 7. Il est interdit aux chiffonniers de vider les récipients sur la voie publique ou de faire tomber à l'extérieur une partie quelconque de leur contenu, pour y chercher ce qui peut convenir à leur industrie. Mettre : Il est interdit aux chiffonniers de répandre les ordures sur la voie publique ; ils pourront faire le triage sur une toile et devront remettre les ordures dans les récipients.

Le vote reflète les dissensions internes au Conseil :
Nombre de votants : 52
Majorité absolue : 27
Pour : 34
Contre : 18


Bibliographie et Sources:
• Jeanne-Hélène Jugie, Poubelle-Paris, la collecte des ordures ménagères à la fin du XIXème siècle (Sélection du Reader's Digest - Larousse, 1993).[voir lien commercial ci-dessous].
• Bulletin Municipal Officiel de la Ville de Paris (ces bulletins sont consultables à la Bibliothèque Administrative de l'Hôtel de Ville de Paris).

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Janvier 1884, pour la première fois, le mot poubelle est utilisé pour désigner la boîte ménagère imposée par le Préfet.

Pour les 125 ans de la poubelle, Planète écho poursuit l'enquête
Pour les 125 ans de la poubelle, Planète écho poursuit l'enquête. Venez découvrir l'article dans lequel la bpîte à ordures devient, pour la première fois, la "Poubelle" !
C'est dans un article publié dans Le Figaro du 16 janvier 1884 que l'on trouve, pour la première fois, mention de la boîte poubelle. Dans cet article la mot poubelle est écrit avec un "P" majuscule. Il arrive, en fait, dans une série de citations faisant références à d'autres réalisations préfectorales.

Pour les 125 ans de la poubelle, Planète écho a édité un numéro spécial de son journal avec publication du premier article de presse faisant référence à la "poubelle". Le 16 janvier 1884, la boîte ménagère administrative devient la "boîte poubelle".

Au sommaire de ce numéro :
• M. Poubelle et les mauvaises langues (article publié par Le Figaro le 16 janvier 1884).
• Revue de presse du mois de janvier 1884 (sélection de quelques articles).

Voici une version librement consultable du numéro de l'Hermine (journal de Planète écho): l'Hermine 15 , consultez également la page des anciens numéros de L'Hermine.

Pour les 125 ans de la poubelle, Planète écho poursuit l'enquête
Fabriquer une poubelle, peut devenir un jeu... Testez-vous !
2 février 2009 : A l'occasion de la sortie du numéro de l'Hermine 15, un journaliste de France Bleu Ile-de-France (Denis Lemarié, chronique "Ils ont fait l'Ile-de-France") s'est intéressé au Préfet Poubelle, et... à Planète écho !

Découvrez la chronique de Denis Lemarié :



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La poubelle laisse la place aux bacs

Local propreté avec des bacs de collecte sélective
Dans les années 1990, date de construction de cet immeuble (Paris XIe), la collecte sélective n'existait pas. L'adaptation du local poubelles en local propreté n'est pas évidente (local installé au sous-sol entre le parking et les caves...). La multiplication des bacs réduit d'autant l'espace. Mais l'ensemble reste accessible. L'information se réduit à une simple affiche.
Photo : © Jean-François Ségard / Planète écho.
Dans un immeuble parisien du XIXe siècle (XIIIe arrondissement) les bacs de la collecte sélective
Dans les vieux immeubles parisiens (fin XIXe siècle), les bacs trouvent leur place dans la cour à côté des vélos.
Photo : © Jean-François Ségard / Planète écho.
Si, avec la mise en place de la collecte sélective, les gestes quotidiens ont changé, le vocabulaire attaché aux déchets a, lui aussi, évolué. On ne parle plus de poubelles mais de bacs ou de conteneurs (avec des couvercles de couleurs différentes). On ne parle plus de local poubelles mais de local propreté.

Les bacs deviennent "intelligents". Munis d'une puce, ils sont pesés à chaque collecte. Ce moyen permet l'établissement de statistiques fiables sur les quantités de déchets générées par chaque immeuble. Pourtant, la taxe d'enlèvement des ordures, payable par les propriétaires (et récupérable auprès des locataires), ne tient pas compte de la quantité de déchets produite.

De même, les déchets deviennent des "matières premières secondaires" avec lesquelles il est possible de (re)fabriquer de nouveaux objets tout en réalisant des économies d'énergie conséquentes et en protégeant l'environnement.

Autres changements : les "unités d'incinération des ordures ménagères", ce que l'on nomme habituellement usine d'incinération, cherchent, elles aussi, à se valoriser en devenant des "Centres de valorisation énergétique des déchets". Vocable sans doute plus facile à implanter près des populations !
De même, les fameuses décharges devenues des "Centres d'enfouissement techniques", et qui continuent à exister malgré l'interdiction fixée par la loi de 1992, souhaitent devenir des "bioréacteurs" en rapport avec leur nouvelle fonction de récupération des gaz issus de la fermentation des déchets.



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Le vide-ordures

Règlement sanitaire départemental de Paris
A consulter sur notre site :
Article 78 du règlement sanitaire du département de Paris consacré à l'évacuation des ordures ménagères par vide-ordures.
Pendant longtemps le vide-ordures a été présenté comme un élément du confort moderne, il devient aujourd'hui un ennemi de l'hygiène et un frein au développement de la collecte sélective, même si certaines sociétés présentent des vide-ordures sélectifs (!!).

Ennemi de l'hygiène : le vide-ordures devient très vite un nid à microbes et à parasites. Son entretien nécessite des désinfections coûteuses et régulières. De plus, il présente un danger pour les gardiens d'immeubles : trop souvent les locataires y jettent leurs déchets en verre qui cassent avant d'arriver en bas. Il ne faut pas oublier les nuisances sonores, liées au bruit des déchets tombant dans les conduites métalliques, mais aussi les nuisances olfactives dues aux déchets jetés en vrac dans le vide-ordures.

Frein au développement du tri : le geste machinal de tout jeter dans le vide-ordures empêche toute réflexion sur le devenir potentiel du déchet. Tout passe à la trappe. Du coup, pas de tri à la source, et voici des tonnes d'emballages perdus. Pourtant il est si facile de trier ses emballages dès le retour du marché. Séparer les cartons, les papiers, les plastiques ne nécessite pas plus de temps que d'ouvrir la trappe du vide-ordures.

La fin des vide-ordures ? La loi du 2 juillet 2003 (Loi N°2003-590) facilite la suppression des vide-ordures dans les immeubles. La loi "Urbanisme et habitat" introduit de nouvelles règles afin de favoriser la suppression des vide-ordures. Il semble désormais plus facile de les faire supprimer (il s'agit maintenant d'un simple vote à la majorité des copropriétaires). La nouvelle loi précise cependant que la suppression des vide-ordures ne peut se faire que pour des "impératifs d'hygiène".

Restons tout de même vigilants, car au moment où la loi était votée, des "doux rêveurs" nous parlaient du retour des vide-ordures. Dans le N°134 (juillet 2003) de Direct Résidentiel un article sur la cuisine du futur dans l'habitat collectif nous faisait l'éloge du vide-ordures. Mettant en avant les inconvénients de la collecte sélective (plusieurs poubelles à descendre, problème de place dans les appartements pour stocker les différents types de déchets) il ne restait plus qu'à présenter la solution idéale : un vide-ordures qui ne sent pas (surfaces traitées par des techniques antimicrobiennes et intérieur maintenu en légère dépression par rapport à la cuisine) et bien entendu insonore (!)

Il est bien loin le temps où le français Jean Baptiste André Godin inventait, à la fin du XIXe siècle, la "trappe à balayures", ancêtre du vide-ordures que l'on retrouvera dans les immeubles de l'après première guerre mondiale. Mais le pire reste encore le broyeur électrique (inventé aux Etats-Unis en 1938) qui permettait l'évacuation des déchets de cuisine directement depuis l'évier. Les déchets solides étaient broyés et évacués avec les eaux usées... Il ne restait plus qu'à les traiter en station d'épuration plutôt que de les faire brûler dans les usines d'incinération des ordures ménagères.



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Actualité : aidez les Parisiens à retrouver une ville propre !

  • Puzzle poubelle, Reconstruisez la boîte à ordures du préfet Eugene Poubelle.
    En arrivant, cliquez sur l'image afin de mélanger le puzzle, ensuite, c'est à vous de reconstruire la boîte ! Amusez-vous bien !
  • Puzzle camion poubelle, aidez les Parisiens à retrouver une ville propre en reconstruisant le camion des éboueurs !.
    En arrivant, cliquez sur l'image afin de mélanger le puzzle, ensuite, c'est à vous de reconstruire le camion ! Amusez-vous bien !

Compléments bibliographiques et historiques

Bibliographie historique et sélective sur l'histoire de la propreté de Paris
Ces extraits de textes viennent compléter les articles de cette page.
Extraits de : Histoire de l'Hôtel de Ville de Paris, par Monsieur Le Roux de Lincy. Librairie de la société de l'école de Chartes, Paris 1846

(...) je m'attacherai seulement à donner, sur quelques-unes [l'auteur présente les prérogatives que se réservent les magistrats de la Ville], des détails nouveaux qui prouveront que, du XIIIe au XVIe siècle, les prévôt des marchands et échevins s'appliquèrent constamment à conserver, agrandir et assainir la capitale dans toutes ses parties.

C'est dans le cours de l'année 1184 que Philippe Auguste fit paver les principales rues de la ville. Rigord* s'exprime ainsi à ce sujet : "Le roi se trouvant à Paris pour les affaires de l'État, habitait le palais dans la Cité. S'étant mis à une fenêtre d'où il voyait les eaux du fleuve, par laquelle il aimait à regarder, pour se distraire, les chariots qui traversaient la Cité soulevèrent une odeur si fétide de la boue amassée dans les rues, que le roi ne put la supporter ; il jugea qu'il était nécessaire d'exécuter un projet auquel avaient pensé quelques-uns de ses prédécesseurs, mais qu'ils n'avaient pas exécuté à cause de la trop grande dépense. Ayant donc convoqué les principaux bourgeois de la ville et le prévôt, il donna l'ordre de garnir de fortes pierres les rues principales".

Voici la version originale : Philippus rex Parisiis aliquantulum moram faciens, dum sollicitus pro negotiis regni agendis in aulam regiam deambularet, veniens ad palatii fenestras unde fluvium Sequanae pro recreatione animi quandoque inspicere consueverat, rhedae equis trahentibus per civitalem transeuntes foetores intolerabiles lutum revolvendo procreaverunt. Quod rex in aula deambulans ferre non sustinens, arduum opus sed valde necessarium excogitavit, quod omnes praedecessores sui, ex nimia gravitate et operis impensa, aggredi non praesumpserant. Convocatis autem burgensibus cum praeposito ipsius civitatis, regia auctoritate praecepit quod omnes vici et viae totius civitatis Parisii duris et fortibus lapidibus sternerentur.

* De Gestis Philippi Augusti ; Recueil des histor. de France. Rigord. Une version "moderne" et traduite du texte existe : Vie de Philippe II Auguste, Paleo, Le temps du Gothique, 2003.

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En 1348 et en 1856, le roi Jean confirma l'ordonnance du prévôt : Nul ne doit nourrir pourceaux chez soi, à découvert ou en lieu caché, ni laisser pareilles bêtes errer par les rues, à peine de 60 sous d'amende et d'occision des porcs. Sont seuls exceptés, les religieux de Saint-Antoine, à cause du cochon attribut de leur patron.

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Lutum :
Dans ses mémoires, le Baron Haussmann rappel l'origine de "notre beau Paris". Précisant qu'il n'apprendrait "rien à personne, en rappelant ici que la Cité - l'antique Lutèce, la "ville de boue", suivant une étymologie latine, peu flatteuse, - fut le berceau de Paris".
Mémoires du Baron Haussmann. Volume III, Grands travaux de Paris. Paris 1893.
[une version récente des Mémoires du Baron Haussmann est disponible. voir lien commercial ci-dessous]

Cette affirmation est vivement critiquée : "Aucune étymologie scientifique n'a été proposée avec certitude ; les rapprochements avec le latin lutum "boue" ou le grec lougeion nom d'un marais, s'ils sont séduisants à cause du caractère quelque peu marécageux du site, n'ont pas de fondement philologique et ne peuvent être retenus".
Nouvelle histoire de Paris. De Lutèce oppidum à Paris capitale de la France. Paul-Marie Duval. Diffusion Hachette. 1993.

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Revue scientifique : Il s'agit d'un article publié le 17 septembre 1907 dans la Revue scientifique (Numéro 11, 5e série, Tome VIII). L'article est intitulé "Le nouveau régime des ordures ménagères à Paris". On y apprend, entre autres, que "chaque matin, 570 tombereaux de 3 à 5 mètres cubes procèdent en une heure et demie à la collecte des ordures ménagères à Paris". Un peu plus loin, on découvre que "le four adopté est le destructeur Meldrum (de Manchester), dans lequel le séchage et la combustion se font dans un courant d'ai préalablement chauffé à 150°, suivant les dispositions des foyers Meldrum à tirage forcé très répandus en Angleterre". On ne connaissait pas encore les vertus des dioxines...! (NDLR).

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Louis Sébastien Mercier : auteur du XVIIIe siècle, connu principalement pour son "Tableau de Paris," dans lequel il dépeint un Paris pas toujours très alléchant. [voir lien commercial ci-dessous]

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Histoire des hommes et de leurs ordures, Catherine de Silguy
Mémoires, Baron Haussmann
Le tableau de Paris, Louis-Sébastien Mercier

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